Pourquoi y a-t-il une hausse des prix du café ?

Le prix du café s’envole, et ça ne doit rien au hasard. Entre des récoltes impactées par le climat et une demande qui explose partout dans le monde, le marché est sous tension. Mais derrière cette hausse, une question se pose : est-ce une menace pour le café de spécialité ou une chance de rendre la filière plus durable et équitable ?

Une hausse du prix du café historique

Les amateurs de café du monde entier ont remarqué une augmentation significative des prix ces derniers mois. Le marché du café s’est en effet emballé de manière historique, le café Arabica ayant augmenté de 131.7% en un an en atteignant un niveau record en février 2025, marquant ainsi la 13e séance consécutive de hausse. Pour le Robusta, les prix ont grimpé de 87,25% en un an.

Comment est déterminé le prix du café ?

Le C Market, ou marché des commodités, a été créé pour l’échange des produits agricoles partout dans le monde. C’est là que se négocient les prix du café Arabica et Robusta, exprimés en dollars par livre. Ce marché fixe un prix de base pour des cafés dits « de commodité », c'est-à-dire des cafés qui respectent un certain niveau de qualité, souvent avec un nombre acceptable de défauts (maximum 23 défauts physiques par 350g). Les cafés de spécialité, en revanche, ne sont pas achetés au prix du C Market, car leur qualité supérieure est reflétée par des « différentiels » – des primes ajoutées au prix de base pour des caractéristiques telles que le score de dégustation, la provenance ou la rareté.

Cependant, le C Market est extrêmement volatil. Il ne reflète pas seulement l'offre et la demande actuelles, mais aussi les prévisions de production future. Par exemple, si l'on anticipe une mauvaise récolte, les prix peuvent grimper bien avant que la pénurie ne soit réelle. Cette spéculation rend le marché particulièrement sensible aux événements climatiques et économiques mondiaux.

Comment est déterminé le prix du café de spécialité ?

Le café de spécialité n'est pas directement lié au C Market, car il est souvent acheté à des prix fixés par des contrats à long terme entre torréfacteurs et producteurs. Toutefois, la flambée des prix du C Market a créé une situation inattendue : les prix du C Market ont parfois dépassé les prix fixés par les contrats de café de spécialité, incitant certains producteurs à rompre leurs accords pour vendre leur café au prix du marché.

Imaginez un producteur qui avait signé un accord pour vendre son café à un torréfacteur à 3,5$/livre . Tout à coup, il voit que sur le marché, il pourrait vendre son café beaucoup plus cher à 4,30$/livre. Face à cette tentation, certains producteurs ont choisi de rompre leurs contrats pour profiter des prix élevés du C Market.

Mais au-delà du prix de base, il y a aussi un autre facteur clé : les différentiels. Ce sont des primes ajoutées ou retranchées au prix du C Market en fonction de critères comme l’origine, la qualité ou la rareté du café. Dans le café de spécialité, ces différentiels sont souvent élevés, garantissant une rémunération plus juste aux producteurs. Mais avec la volatilité actuelle du marché, ces différentiels sont aussi sous pression, rendant les négociations plus complexes pour les torréfacteurs comme pour les producteurs.

Quels sont les principaux facteurs qui influencent le prix du café ?

Le prix du café dépend de plusieurs facteurs, qu’ils soient climatiques, économiques ou sociaux. Le changement climatique impacte les récoltes, tandis que de plus en plus de producteurs quittent les plantations pour s’installer en ville ou se tourner vers d’autres cultures. En parallèle, la demande mondiale ne cesse d’augmenter, exerçant une pression supplémentaire sur l’offre. Ces dynamiques combinées expliquent pourquoi les prix du café peuvent fluctuer fortement d’une année à l’autre.

1. Le climat dans les pays producteurs

Le Brésil, qui produit environ 40 % du café mondial, joue un rôle déterminant dans les variations des prix. Le pays a traversé sa pire sécheresse en 70 ans en août et septembre 2024, suivie de fortes pluies en octobre, ce qui inquiète sur la perspective de la récolte à venir.

Selon International Comunicaffe, les experts de Volcafe prévoient maintenant que la récolte d'Arabica pour 2025 et 2026 sera de 34,4 millions de sacs, soit près de 11 millions de sacs de moins que ce qui était estimé en septembre.

En 2024, l'épisode El Niño a frappé la Colombie (deuxième producteur mondial de l’Arabica) avec une sécheresse intense et des vagues de chaleur, perturbant la floraison des caféiers et réduisant la récolte. Résultat : une production plus faible et une qualité impactée, avec des prévisions de récolte révisées à la baisse. Cette diminution de l'offre mondiale entraîne alors une hausse des prix.

Ces pays ne sont pas les seuls concernés et suite aux changements climatiques en cours, on estime que 50% des zones cultivables actuellement ne seront plus exploitables d’ici 2050.

 

2. Exode rural des producteurs de café

Aujourd’hui, de plus en plus de producteurs migrent vers les zones urbaines à la recherche de meilleures opportunités économiques ou ils décident de se convertir vers des cultures plus rentables et stables. Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes, qui doutent de la viabilité à long terme de la culture du café.

Cette inquiétude est également partagée par les producteurs plus expérimentés. Après des années de prix instables et de conditions de culture de plus en plus difficiles, de nombreux parents encouragent leurs enfants à s’orienter vers des carrières hors de l’agriculture afin de leur éviter les incertitudes qu’ils ont eux-mêmes connues.

Par ailleurs, le vieillissement des producteurs entraîne une transmission insuffisante des connaissances et des savoir-faire. À mesure que les agriculteurs âgés réduisent leur activité, une partie précieuse de l’expertise risque de disparaître. Le manque de ressources et de soutien pour les nouvelles générations accentue cette tendance et creuse un fossé entre les producteurs restants et leurs aînés, dont les valeurs et les approches diffèrent souvent. Ceci risque donc d’accentuer encore la baisse de l’offre de café sur le moyen et long terme.

 

3. La demande mondiale en hausse

La consommation mondiale de café est en constante croissance. Des marchés émergents, comme la Chine où la demande augmente de 15 % par an, ainsi que la croissance démographique mondiale, alimentent cette tendance. Cette demande accrue exerce une pression sur une production déjà fragilisée par les défis climatiques, et participe de manière structurelle à l’augmentation des prix.

La hausse des prix du café : une opportunité ou menace pour le café de spécialité ?

Bien que l’augmentation des prix du café puisse sembler brutale, elle représente une véritable opportunité pour les producteurs et l'ensemble de la filière. Un prix plus élevé permet de mieux couvrir les coûts de production et d'augmenter les revenus des producteurs. Cela contribue à améliorer leur niveau de vie, à mieux rémunérer les travailleurs, et à rendre la culture du café plus attirante pour les jeunes générations.

Historiquement, il existait un écart considérable entre la rémunération des producteurs de café et le prix auquel les grains sont vendus une fois torréfiés. Cette différence marquée a souvent laissé les producteurs dans une situation précaire. Aujourd'hui, la hausse des prix contribue à rééquilibrer cette relation, offrant une rémunération plus juste et une plus grande équité dans la chaîne de valeur.

Cette hausse permet des investissements cruciaux, comme la modernisation des exploitations et la transition vers des pratiques agricoles plus durables. Elle soutient le développement de cafés de spécialité, tout en favorisant l’essor de ce marché en Europe. Cela valorise le travail des producteurs et encourage les consommateurs à adopter une consommation plus qualitative et responsable.

 

Le café de spécialité : est-il vraiment cher ?

Beaucoup de personnes se préoccupent que le café devienne moins abordable. Cependant, il est important de considérer le coût réel d'une tasse de café de spécialité. Par exemple, un kilo de notre café Colombie Bio coûte moins de 30€. Pour chaque tasse préparée avec une machine automatique, on utilise 8 g de café.

Ainsi, avec un kilo de café, on peut préparer environ 125 tasses, ce qui revient à environ 0,24€ par tasse ! A titre de comparaison, une capsule de café coûte environ 0,5€…

 

Quel avenir pour les prix du café ?

Le prix du café va radicalement changer dans les années à venir. Le réchauffement climatique affecte déjà les rendements, les méthodes de production et réduit les surfaces cultivables. Parallèlement, la demande mondiale continue de croître, notamment en Chine, en Inde et au Brésil, où la consommation de café dans la classe moyenne gagne en popularité. Nous avons vu cela l'an passé avec le cacao, et c’est désormais au tour du café. Ce modèle de productivisme n’est tout simplement pas durable.

Chez Torrefactory, nous sommes convaincus qu’il est temps d’activer la transition. Cela a un coût, mais ce n’est pas une utopie. C’est le prix à payer pour une filière durable et responsable. Nous avons choisi de contribuer à cette transition en acceptant de payer le café plus cher tout en adoptant un sourcing systémique basé sur la transparence.

Cette transformation de la filière est vertueuse : elle nous permet de consommer moins, mais de consommer mieux. Cela signifie avoir accès à des cafés de bien meilleure qualité que les produits de masse présents en grande distribution. On parle ici de cafés de terroir, loin des saveurs standardisées et souvent brûlées du mass market. Cela permet également de mieux rémunérer les acteurs de la filière, leur offrant les moyens de s'adapter au changement climatique et de sécuriser l'avenir de la production de café.

Enfin, cette approche favorise un modèle d’agroforesterie plutôt que la déforestation, bénéfique pour les sols, les écosystèmes et la séquestration du carbone.